Donner au suivant...

Donner au suivant… une attitude toute l’année durant…
Je me suis réveillée paisiblement ce matin de Noël (25 décembre 2020), après avoir vécu un magnifique « dormillon » de sept heures… Il fait si doux dehors que j’ai entrebâillé la fenêtre pour dormir… et j’entendais la pluie ruisseler. C’est un peu tristounet que d’ouïr ces averses intenses, en plein mois de décembre… combien cette eau, en neige, aurait fait la joie des petits et grands dans ce contexte de confinement.
Ainsi, à l’écoute de mon état d’âme au réveil, dans la chaleur des draps chauds, je ressens une grande joie dans mon cœur. Une joie pure… C’est ainsi que ce conte est né. Je raconte en fait une histoire vraie : la plus extraordinaire veille de Noël vécue… hier.
Tous nous nous sommes souhaités « Joyeux Noël » depuis quelques jours en ajoutant des phrases comme celles-ci : « dans les circonstances… le plus Joyeux Noël possible, …en ce Noël particulier, cette nuit de Noël bien spéciale… » Certes, on se souviendra des Fêtes de fin d’année 2020 avec tous ces sentiments mitigés. L’extraordinaire de cette veille de Noël, c’est qu’elle a été extrêmement hors de l’ordinaire, pour moi.
En ce jour qui précède la fête de la Nativité, j’ai accepté un remplacement comme accompagnatrice ; c’est la deuxième fois que je suis la dame de compagnie d’une magnifique ainée aux cheveux argentés. Cela a permis à ma collègue de prendre des vacances avec sa famille, sûrement dans un magnifique décor au domaine Ouellette… et moi j’étais seule, tout était parfait pour tous.
Toutefois, qu’est ce qui a fait de cette veille de Noël un moment extraordinaire ? La dame que j’accompagne est semi-voyante ; assez près de la cécité complète. Quand j’arrive, je lui demande comment elle va ? Elle me répond systématiquement : « comme du vieux ». Elle a 91 printemps. Sa fille profite d’un répit étant donné ma présence ; elle saisit l’occasion d’aller rentrer du bois de chauffage… tout un répit !
Or, je demande à la dame, quel chanteur elle aime ? Paolo Noël me dit-elle ! C’est de circonstances ! Avec un cellulaire en main, tout est possible, je lui fais écouter Petit Papa Noël de Paolo Noël… C’est merveilleux de la voir chanter, émue… presque heureuse. Du bout des lèvres, elle murmure toutes les paroles. Et de fil en aiguille, j’effleure de la pointe du doigt des notes magiques qui font ressurgir de sa mémoire les plus beaux cantiques oubliés. Elle me demande si j’ai une radio entre les mains. Peu importe qu’elle ne saisisse pas la technologie qu’elle ne connait pas. Ces mélodies réveillent sans doute de doux souvenirs car je lis la paix sur son visage. Je reçois, par son expression, une immense dose de gratitude et d’amour… je suis émue de voir la dame… revivre.
Donner au suivant. Donner. N’est-ce pas cela l’esprit de Noël ?
Puis nous nous mettons à converser alors j’opte pour des pièces instrumentales de saison ; elles procurent une ambiance feutrée propice aux confidences.
- Je vais mourir bientôt.
- Ah oui ! Vous allez mourir bientôt ?
- Oui.
- Est-ce que vous vous sentez prête ?
- Oui.
- Vous êtes en paix avec tout le monde qui va rester ?
- Oui.
- Qu’est-ce qui va se passer une fois que vous serez décédée ?
- Je ne sais pas.
- Vous ne savez pas ?
- Non, … je pense que c’est comme si on dormait tout le temps.
- Ah bon ! C’est pratique de dormir tout le temps, on a plus besoin de manger, de faire des tâches…
- Oui ! Plus besoin de manger, enfin (cette dame a toujours faim) !
- Disons que rendue en haut, vous rencontriez des gens qui sont déjà morts, qui aimeriez-vous rencontrer en premier ?
- Mon mari.
- Oui, votre mari. Qu’est-ce que vous auriez le goût de lui dire ?
- Je lui demanderais des nouvelles des enfants (ils ont perdu un bébé âgé de 2 jours).
- Ah ! Je comprends. C’est bien.
- Y a-t-il d’autres personnes que vous aimeriez retrouver ?
- Oui, ma sœur.
- Votre sœur ?
- Oui, c’était la plus jeune, moi je suis la plus vieille.
- Mon mari avait une grosse santé. Ma mère voulait lui dire que je n’avais pas une bonne santé… je n’ai pas voulu, il ne m’aurait pas marié. J’l’ai ai tous enterré ! (rire)
- Ah oui ! (rire)
- T’habites au domaine Ouellette, hein ? (demandé pour la 5e fois depuis 3 heures).
- Non, j’habite à Sainte-Ursule.
- Ah oui ! C’est loin ça.
- Ce n’est pas si pire.
- C’est loin ça…
Après un court moment de silence, j’ai ajouté :
- Cette année, j’ai demandé un amoureux au Père Noël.
- Il ne te le donnera pas.
- Ah non ! Pourquoi ?
- Il n’existe pas le Père Noël, demande-le à Dieu.
Un grand ami érudit m’a confié, à la lecture de ce conte, qu’un jour il y a peut-être soixante ans, son professeur de philosophie avait dit à ses étudiants : « Ne cessez jamais de croire au Père Noël ». Je conviens que l’important c’est de croire, d’avoir la foi dans le sublime et le merveilleux qui nous attendent pour peu que nous ouvrions notre cœur, quelle que soit l’allégeance que nous nourrissons. Mais tout ne tombe pas du ciel tout seul… ! N’oubliez pas le vieux dicton : Aides-toi et le ciel t’aidera ! En attendant, donnez au suivant…
Merci la vie pour cet extraordinaire Noël … bien différent … pour plusieurs d’entre nous.
Que ce temps controversé vous apporte des rencontres et des retrouvailles … extraordinaires à l’aube de cette nouvelle année. Bonne et heureuse année à tous !